Premier bilan EFRAG 2025 sur l’application des ESRS en 2024

Le 23 juillet 2025, l’EFRAG a publié son tout premier rapport d’analyse sur la mise en œuvre des normes européennes de reporting de durabilité (ESRS) par les entreprises, dans le cadre de la CSRD. Il s’agit d’un état des lieux du reporting ESG en Europe, qui semble pour l’heure mitigé, notamment sur la qualité des déclarations.
Cette première évaluation livre un panorama général des pratiques actuelles sur 656 rapports de 2024 : formats très variables, approche sélective de la matérialité, ambitions climat parfois limitées, et une implication encore réduite. Elle met également en lumière les défis à relever pour rendre ce reporting plus cohérent et comparable dans sa structure.
1. Une difficulté à s’approprier les ces exigences
L’un des constats majeurs du rapport concerne l’hétérogénéité des rapports publiés. La structure générale imposée par les normes ESRS est globalement respectée, mais les formats varient plus ou moins drastiquement. La longueur moyenne des rapports atteint 115 pages, avec des extrêmes allant de 25 à plus de 440 pages selon les entreprises.
Pour la forme, certaines structures privilégient des récits détaillés, là où d’autres optent pour des tableaux synthétiques et des informations réduites. Cette diversité nuit à la lisibilité et complique les comparaisons d’une entreprise à l’autre, alors même que la CSRD vise à rendre les données ESG fiables, standardisées et comparables afin d’en dégager des grandes tendances.
2. Matérialité : vers un socle commun malgré des disparités
On constate que les entreprises font parfois preuve de sélectivité dans leur analyse de matérialité et non une application exhaustive des normes thématiques. Seules 10 % estiment que toutes les normes sont pertinentes pour leur activité, quand 25 % en retiennent quatre ou moins. On observe toutefois une convergence autour de certains enjeux jugés incontournables, comme les volets environnemental, social ou de gouvernance.
3. Reporting climatique et social : des avancées timides et très inégales
Le rapport met aussi en lumière des écarts importants dans la qualité des plans climat : si 55 % des entreprises affirment avoir mis en place un plan de transition, celui-ci reste souvent peu détaillé, peu aligné avec des trajectoires scientifiques, ou limité aux scopes 1 et 2. Le Scope 3, pourtant essentiel, n’est couvert que dans 40 % des cas.
Sur le plan social, des efforts de transparence sont notés : plus de 80 % des entreprises communiquent sur les discriminations ou les politiques salariales. Mais le reporting sur les atteintes graves aux droits humains reste marginal (5 %), posant la question de la sincérité ou de la capacité à identifier les risques réels.
L’implication des parties prenantes reste également perfectible : si les employés sont presque toujours consultés, les ONG, les syndicats et les communautés locales le sont dans moins d’un tiers des cas. Un manque d’ouverture qui limite la portée de l’analyse de double matérialité.
Ce qu’il faut retenir – Synthèse des points clés
- Seules 10 % des entreprises considèrent que l’ensemble des normes ESRS est matériel pour leur activité
- Trois normes thématiques sont jugées prioritaires par 90 % des entreprises : E1 (changement climatique), S1 (main-d’œuvre propre), G1 (conduite des affaires).
- 70 % s’engagent à respecter l’objectif des 1,5 °C pour les scopes 1 et 2 ; mais seulement 40 % incluent le Scope 3.
- La tarification carbone est encore marginale (20 %), concentrée dans les secteu les plus émetteurs.
- La biodiversité est peu traitée (30 % des entreprises y consacrent des métriques), avec de fortes disparités sectorielles et géographiques.
- L’implication des parties prenantes est incomplète : 97 % consultent les salariés, mais moins de 35 % impliquent ONG, syndicats ou communautés locales.
- Une version allégée des ESRS est en consultation
Pour conclure…
Ce premier rapport de l’EFRAG marque une étape essentielle dans la mise en œuvre concrète des normes ESRS et leurs évolutions avec les besoins réels des entreprises. Les entreprises commencent à s’approprier réellement ces normes, mais de façon encore très hétérogène, et le rapport souligne les défis majeurs qui subsistent en matière de lisibilité, de comparabilité et de sincérité des engagements. À l’heure où la pression réglementaire et sociétale s’intensifie, l’enjeu n’est plus seulement de publier un reporting conforme, mais bien de produire une information utile et crédible au service de la transformation durable des entreprises.
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